Apparues en 1996 avec Ebay, les places de marchés se sont depuis démultipliées au point d’en voir apparaître chaque mois. Aujourd’hui, elles sont (presque) au centre de tout ce qui se passe en matière de commerce en ligne. Hégémonie ou coup du destin, il faut désormais composer avec celles qui sont devenues les nouvelles hanses des temps modernes.
A la question, les marketplaces sont-elles devenues incontournables ? La réponse est indubitablement : oui ! Aujourd’hui, 30% du commerce en ligne hexagonal passe par elles et, d’ici à 2020 ce chiffre atteindra 40%… au niveau mondial ! Et, en 2022, les marketplaces en ligne représenteront 67% des ventes e-commerce selon Forrester. En une vingtaine d’années le modèle a su s’imposer comme tiers de confiance et fédérer un écosystème business. La rencontre entre l’offre et la demande n’a jamais été autant optimisée. D’un côté les acheteurs accèdent à un nombre d’offres plus important en comparaison avec un site de e-commerce traditionnel. L’expérience client y est généralement soignée et les livraisons maitrisées. De l’autre, les commerçants touchent une clientèle plus large, parfois inaccessible, et créent ainsi de la notoriété et de la visibilité avec davantage de conversions. Les places de marché sont également de vraies facilitatrices en termes de commerce international grâce à la mise en place simplifiée de partenariats. Enfin, elles permettent de tester ses produits sur un nouveau marché et de valider l’attrait d’un produit ou son positionnement de prix. Cela sans faire les efforts marketing nécessaires dans le cas d’un lancement par exemple. Amazon, Rueducommerce, Ebay ou encore Cdiscount et Fnac mettent ainsi à disposition des espaces de vente pour des milliers de vendeurs. Chaque mois, ces derniers touchent une fraction des centaines de milliers de visiteurs de ces marketplaces et, vendeurs tout comme acheteurs bénéficient des fonctionnalités avancées des plateformes.
Le revers de la médaille et la nécessité de (re)construire sa marque
Reste qu’il ne faut pas sous-estimer la complexité d’accès aux plateformes, ni le coût en temps et en ressources nécessaire pour y vendre ses produits ou services. Toutes imposent en effet de se conformer à un nombre conséquent de prérequis propres à chacune d’entre elles. Il est, par exemple, de rigueur de structurer ses catalogues produits aux différents formats exigés. Les chaussures sont parfois répertoriées en catégorie « mode », parfois en catégorie « sport ». Par ailleurs, les photos doivent être fournies dans un format précis. Il est également bien vu d’offrir les frais de port et de respecter des délais d’expédition courts. Etc.
Mais attention, être référencé sur une marketplace n’est qu’une première étape. Une fois tous ces efforts consentis, les marques se retrouvent face à une double contrainte lorsqu’elles prennent place sur la plateforme : d’une part la concurrence directe qui fait rage et, d’autre part, la perte du lien avec les clients puisque c’est la marketplace, en tant que tiers, qui s’approprie le souvenir de l’expérience client ainsi que toutes leurs coordonnées (pas de possibilité d’instaurer une relation post-achat, d’envoi de newsletters ou de retargeting). C’est pourquoi il est indispensable de travailler sa visibilité et son image sur le support fourni par la marketplace. Un des leviers principaux réside dans la qualité des contenus relatifs aux produits. Des pages de contenus riches qui reflètent l’identité de la marque, des visuels créatifs de haute définition, des avis clients positifs et nombreux ainsi qu’un SEO impeccable sont les ingrédients indispensables à la mise en place d’une relation de confiance avec la marque. Grâce à des dispositifs tel que celui d’Amazon Store, certaines vont jusqu’à créer leur propre espace au sein des marketplaces.
Une stratégie à construire avec soin
Alors, pour rentabiliser ces efforts et profiter pleinement des avantages du canal de vente marketplace, il convient de mettre en place, en amont, une stratégie poussée. Notamment pour s’éviter les silos et la cannibalisation avec les autres canaux. Avant toutes choses, il est préférable d’avoir analysé les différentes marketplaces et étudié certaines combinaisons, pour identifier d’une part la stratégie qui offrira la meilleure visibilité – combiner par exemple une marketplace généraliste, une spécialisée et une autre dotée d’une aura locale forte pour cibler un marché géographique spécifique -, et, d’autre part, pour chaque combinaison, cartographier la concurrence, les produits déjà disponibles, les prix, etc. Tout cela permet de ciseler ses arguments de vente et de faire jouer ses propres éléments différenciateurs. Il est même recommandé d’appréhender le sujet de façon transverse en y intégrant différents points de vue et expertises de l’entreprise. Créer une taskforce intégrant une personne du département marketing en charge de la stratégie de marque mais aussi des représentants du digital ou du e-commerce et du wholesale le cas échéant, est un bon exemple.
Et demain : l’essor des marketplaces B2B et l’absorption technologique
Généralistes ou verticalisées, les marketplaces ont fait évoluer leur modèle au fil du temps et ont la particularité de s’approprier rapidement les nouvelles avancées technologiques – quand elles n’en sont pas tout simplement parfois à l’origine. C’est le cas d’Uber qui a ainsi su tirer pleinement parti de la popularité croissante du Mobile, combinée à la géolocalisation.
Aujourd’hui, c’est vers le secteur du B2B que se tournent vers les marketplaces. Portée par l’accélération des ventes digitales pour les acteurs du B2B, l’émergence de marketplaces spécialisées dans les pièces détachées, l’électronique ou encore les fournitures de bureaux sera une des prochaines mutations fortes du secteur. L’enjeu est simple : répondre aux exigences spécifiques du commerce B2B telles que les conditions commerciales personnalisées selon les clients, le fractionnement des livraisons, les factures uniques, etc. Les géantes comme Alibaba et Amazon l’ont bien compris et profitent de leur positionnement pour anticiper et étendre leur modèle B2C au B2B. D’après une étude de Roland Berger et Mirakl, elles ont respectivement généré 11 et 4 milliards de dollars en 2017 sur leur plateforme destinée aux entreprises.
La prochaine génération innovante sera surement des “smart marketplaces” comme le met en avant Bart Dessaint de Mosaic. Elles sauront incorporer le edge computing et le machine learning pour analyser et interpréter des demandes clients de plus en plus complexes et fournir une expérience client toujours plus poussée.
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